accord parfait

J’ai pris des vacances. Pas très loin, et pas très longtemps hein. Mais, de temps en temps, comme on dit « partir pour mieux revenir », ça fait du bien. Et puis, j’avais rien d’autre à faire en plus. Tant qu’à rien faire, autant que ça soit ailleurs, au moins, on se fait pas gauler.

Après un concert, ça m’a pris. Je jouais, ce soir là. Et à la fin d’un solo, le chanteur annonce la pause.

Rendez vous au bar avec les 4 autres, (des anglais, très sympas), rafraîchissement et puis , comme d’habitude, scrutation des gens. Les gens dans un concert, ils sont toujours bizarres quand il croisent un des musiciens. Tous ont une réaction particulière. Certains font le petit sourire gêné, d’autres hésitent pour venir vous parler. Tout cela représente la majorité des publics de concert. Et pas que des miens j’entend, mais dans les autres aussi. J’aime bien aller dans de bons concerts, aussi.

Mais il y a parfois des personnages atypiques.. Sans vouloir thésaurisé sur le sujet, mais simplement m’interobert (ou roger) , « qu’est ce qui se passe quand on croise quelqu’un, et qu’on préférait être avec elle que sur scène ? »

Car c’est bien ce qui c’est passé ! Revenant vers la scène, un chignon noir se retourne. Brillantes, simples, les quelques mèches qui s’échappaient gracieusement embellissaient encore plus ces épaules et ce dos. Il tourna lentement. « Que faire ? » m’entendais-je penser. Ils m’attendaient, et j’étais là, clarinette dans la main, et bloqué. Plus de cœur , plus de raison, ma seule volonté était d’attendre.

Trois quart face. Ces yeux en amande et sa peau soyeuse me mettent en haleine. Sa bouche me l’enlève, je ne respire plus. Je ne bouge plus non plus. En se retournant, une des amandes me remarque, et, dans une torsion-exctension muscolo-faciale, partant de son menton pour remonter jusqu’au sourcil, un sourire apparaît. Il y a tout dans se sourire.

…« avance, tu es ridicule »…

…« bonsoir également jeune homme »…

… « qu’est ce qu’il me veux celui là » …

Je prend le temps de respirer, une éternité en somme, et annonce « pardon, je doit y aller ».

Encore un sourire ! Et là, plus de doute sur le sens de celui là . « d’accord, à tout à l’heure ».

Sur scène je reprend, difficilement les quelques morceaux. Absent, mes yeux cherche cette apparition. « Mais ou est elle ? » . « Avant la fin du concert, je la verrais » .

Elle passe devant moi !

Aucun regard…

Fin du concert. J’ai chaud, j’ai soif. J’ai un peu oublié mon état fébrile de tout à l’heure. Ou plutôt, ma fébrilité de tout à l’heure, s’est simplement transformée en fatigue d’après concert.

Je vais chercher un verre. Elle est au bar. De face. « Bonsoir » « Bonsoir ».

…

« On s’en va ? ».